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Le travail « bien fait », un point essentiel pour se former au travail en collectif

Le travail « bien fait »,

un point essentiel pour se former au travail en collectif

Mathilde Grau et Danielle Guilbaud

Danielle Guilbaud est intervenue une journée et demie au CFPPA de Die pour former les étudiant·es de la formation BPREA – Installation en agriculture Biologique, à ce qu’est le collectif. Sa conclusion à l’issue de cette formation : « le travail bien fait amène un plus sur des questions sur lesquelles on n’allait pas parce que c’est difficile d’y aller. On parlait beaucoup d’organisation des groupes, mais on n’abordait pas le concret du travail ».

Danielle Guilbaud

Danielle est formatrice en relations humaines auprès des collectifs d’agriculteur·rices. Après trois interventions au CFPPA, elle a volontiers accepté de rencontrer Hélène Brives, chercheuse à l’ISARA et membre du projet Co-Agil, et Mathilde Grau, assistante cheffe du projet Co-Agil, pour intégrer des apports de ce projet à sa session de formation.

Quels apports de Co-Agil dans une formation au fonctionnement en collectif ?

« Eveiller les futur·es installé·es au fait qu’il faut avoir de la vigilance de ce qu’est le travail « bien fait » pour chacun·e des membres d’un groupe est vraiment un plus, parce que ça va être leur boulot au quotidien ».

Ce que les élèves ont apprécié

Après une mise en bouche théorique, Danielle a eu à cœur de les mettre en situation. 5 groupes thématiques ont été formés selon les projets d’installations des étudiant·es. 2 groupes de maraîchage, un d’arboriculture, un de plantes médicinales et à parfum et un dernier d’éleveur·euses. 

Chacun·e a créé ou a choisi une situation particulière liée au travail bien fait, par exemple « Qu’est pour vous une planche de carottes bien faite ? ». Certain·e ont été surpris·e des réponses de leurs collègues et tous·tes ont apprécié la confrontation à une situation « si simple » qui faisait quand même débat, ce qui a montré les potentielles sources de conflit qui se retrouvent parfois dans de toutes petites situations de tous les jours.

Ce que les élèves en retiennent

Les étudiant·es se sont rendu compte de la pluralité des perceptions du travail bien fait et que c’était un point qu’ils et elles devraient aborder dans leur collectif. 

« Le travail bien fait dépend de l’appréciation de chacun·e et nécessite d’en parler pour avoir la même grille de lecture » 

« C’était intéressant de voir que l’on a tous·tes des critères et des standards différents, de voir l’importance de les mettre en accord [au niveau du collectif]». 

« Ça peut être bien d’en parler en amont dans le collectif ».

Pour en parler dans le collectif, une personne a émis l’idée d’aborder le sujet au moment de la rédaction du règlement intérieur. Chacun·e a compris que parler de travail bien fait passe avant tout par la connaissance de soi et de son collectif. Ainsi, cinq « drivers » ont été identifiés : sois fort·e, sois parfait·e, fais plaisir, fais vite, fais effort. 

Danielle explique que quelqu’un dont le driver principal est « sois parfait·e » risque de rechercher la perfection, il ou elle va avoir peu de tolérance par rapport au travail des autres. Quelqu’un dont le driver principal est « fais vite » va vouloir travailler rapidement en s’intéressant moins au résultat qu’à l’efficacité. Il est important de se connaître, de savoir sur quoi je vais insister et l’autre ne va pas insister ».

Les étudiant·es ont aussi été amené·es à se poser des questions qu’ils et elles ne s’étaient jamais posée, à faire le lien entre leurs priorités individuelles et leurs perceptions du travail « bien fait »,  et aussi à comprendre que le travail « bien fait » se joue aussi à l’échelle du collectif.

Une formation complète

Toutes ces réflexions d’élèves sont le fruit de la complémentarité des apports entre la formation de Danielle et des apports du projet Co-Agil sur le travail « bien fait ». Elle aborde à la fois le profil psychologique de chacun·e, la communication et les outils pour le bon fonctionnement collectif (règlement intérieur, animation de réunion) avec une grande cohérence. 

Comme le résumait Hélène Brives, chercheuse à l’ISARA : 

« Grâce à des méthodes de profil psychologique, les élèves peuvent se comprendre. Ils comprennent ainsi comment leur profil va impacter leur perception du travail. 

Par l’introduction de la notion de travail bien fait, il est possible de percevoir que même si un groupe se met d’accord sur une vision et des objectifs communs (animation du « Blason »), cela ne dira rien du travail concrètement. 

On comprend alors qu’une bonne organisation du collectif ne suffit pas si on ne prend pas en compte le travail « bien fait ». Comme l’ont appréhendé les élèves, il va y avoir des incompréhensions, voire des tensions. L’important est que chaque élève parte en ayant intégré le fait que : « Si j’arrive à en parler, non seulement ces incompréhensions ou ces tensions pourront être levées, mais je peux faire en sorte que chacun·e fasse mieux ».

Une session riche qu’une élève concluait en disant : « L’exercice sur l’interprétation du travail « bien fait » permet de se remémorer les différences de personnalités et l’importance du travail sur soi et de la communication bienveillante ».

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