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Parler travail : une posture avant tout

Parler travail :

une posture avant tout

Mathilde Gaudin, FRcuma Ouest

Lundi 28 mars 2022 avait lieu la 7ème Communauté d’Échanges de Pratiques et de Production (CEPP) du projet Co-Agil. 

La matinée était consacrée à l’étude de cas, en cherchant à savoir comment parler du travail dans un collectif, sans aborder le sujet frontalement. Les échanges, riches, montrent que c’est avant tout une question de posture. En questionnant les membres du collectif pour remonter à l’origine des dysfonctionnements, la thématique du travail arrive systématiquement. Une posture d’écoute active, de non jugement, et davantage d’accompagnement plutôt que d’expertise, permet d’aborder la notion de travail, et de faire parler le collectif sur ce thème. Sortir de la posture d’expert permet d’ouvrir le champ des possibles. Pour cela, il faut accepter de ne pas savoir où on va aller.

Avant le groupe me disait “j’ai bobo là” et je mettais le sparadrap. Maintenant j’entends que le bobo est là mais on cherche à savoir d’où vient le bobo avant de le traiter… La “solution” est apportée différemment, plus tard. Je suis moins dans un rôle de prescripteur de solutions. Si j’ai osé faire ce pas, c’est que j’étais dans l’environnement sécurisé du projet Co-Agil qui permet de sortir du rôle d’expert pour privilégier celui d’accompagnateur.

Jay, animateur CUMA Isère-Savoie

Le questionnement dans le groupe permet aussi de creuser plus loin que ce que l’on voit de prime abord lorsque l’on accompagne la cuma. Prendre de la hauteur et du recul, c’est bien un des objectifs de la CEPP. Le chemin que vont faire les collectifs Co-Agil, les animateurs et animatrices le font ensemble en CEPP ! Cela bouscule, cela remet en cause, mais surtout, cela fait progresser.

Je n’avais pas vu tout ça dans la première analyse que j’avais faite de la cuma. Maintenant, il faut que je trouve comment retravailler le déroulé de l’Assemblée Générale pour que cela soit profitable à tout le monde

Héléna, animatrice CUMA Mayenne

L’après-midi, les animateurs et animatrices de collectifs laboratoires Co-Agil ont pu découvrir et/ou expérimenter le co-développement. Cette méthode développée au Québec par Adrien Payette et Claude Champagne, permet à un groupe de personnes de s’entraider dans leur auto-développement respectif. Dans le groupe des 5 personnes présentes, une personne a été identifiée “cliente”, les autres “consultantes”. Les 6 étapes du co-développement sont : 

  1. un exposé du problème par la personne “cliente”
  2. un tour de clarification et de questionnement de la part des “consultant·es”
  3. l’établissement d’un contrat de consultation, entre la personne “cliente” et les “consultant·es”
  4. un tour de table des réactions et de suggestions des consultants
  5. un temps réflexif de la personne “cliente”, pour savoir ce qu’elle retient : établissement d’une synthèse et d’un plan d’action
  6. une phase d’intégration des apprentissages, pour l’ensemble des membres du groupe de co-développement.

En moins de 2 heures grâce à l’intelligence collective, la situation est débloquée.

A la différence d’un groupe d’échanges de pratiques, les ateliers de co-développement sont réalisés dans un cadre structurant et structuré. Ils s’inscrivent dans la durée, permettant ainsi une double boucle d’apprentissage : d’un problème, on trouve des correctifs qui amènent une solution. Entre les séances, on peut arriver à changer de perception sur les correctifs apportés, pour aboutir à des solutions pertinentes et durables.

“Travailler en se formant, se former en travaillant”,

Payette, 2000

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